Le 21/09/09 depart d' Oulan-Bator Nous prenons ce matin la route pour Karakorum, avec Christelle et Yannick, rencontrés à l’auberge. C’est sans regret que nous quittons la sorcière de l’auberge, qui aura été infecte jusqu’à la dernière minute. 7h de bus nous attendent. Par chance la quasi-totalité du trajet est asphaltée. Nous mettons peu de temps à découvrir les paysages mythiques du pays aux 13 chevaux pour un homme. Par moment, nous apercevons des troupeaux à perte de vue, avec les sommets des montagnes enneigés en arrière plan, et des yourtes ci et là, telles des champignons, waouh…c’est magique ! Je retire ce que j’ai dit quand nous étions en France, sur la route UB-Kharkhorin, nous voyons quantités de yourtes disséminées dans la nature (au moins une tous les …3kms :-)) C’est pour rassurer Phil, en cas de nouvelle tempête de neige, nous devrions trouver facilement refuge, espérons que ça continue ainsi jusqu’au Gobi. En revanche, les villages sont quasiment espacés de 80kms. Nous prenons notre 1er fou rire lorsque nous nous arrêtons pour déjeuner le midi dans un petit resto de routard, menu en Mongol oblige nous nous armons du dictionnaire et nous lançons dans un jeu de mimes. Ce sera pour Phil et Yannick leur 1ère dégustation de mouton. Nous arrivons le soir à Kharkhorin, un bled…de 8000 habitants, dans la région du Karakorum (ancienne capitale de la Mongolie établie par le fils de Chinggis Khan au milieu du XIIIème s.). Il y aurait des plans, visant à rétablir la capitale de la Mongolie à Kharkorin…mais ce n’est pas pour demain. Nous sommes accueillis par un éleveur Charvass et toute sa famille, bien sympathique. Nous découvrons nos futurs compagnons de voyage, des poneys…qui ont en plus l’air épuisé. Phil et Yannick risquent de toucher par terre, version poney à 6 pattes . Les beaux, grands chevaux que nous devions avoir, auraient disparu…bah voyons… Nous nous retrouvons donc avec 6 canassons à monter (les 4 nôtres, plus les 2 des guides) et 3 de bât. Nous sommes logés tous les 4 dans une yourte, rien que pour nous. La yourte est équipée de 5 lits, 1 table, 1 poêle, 1 ampoule électrique, 4 chaises et… 1 mouche ! Grand luxe. On nous présente nos 2 guides, 17 et 28ans, qui vont nous accompagner pendant toute la semaine. Ils ne parlent pas un mot (d’anglais voire de mongol car on n’entendra à peine le son de leur voix ce soir). Nous nous lançons à nouveau dans un exercice de communication, le dictionnaire sous les yeux et tentons de faire la conversation, la soirée risque d’être longue. Nous échangeons les questions usuelles « quel âge as-tu, comment t’appelles-tu, que fais-tu ? »… Par chance, le fils ainé parle un peu anglais et corrige notre accent mongol. Nous jouons avec la petite dernière, âgée de 9ans, qui apprend le français à l’école. Au menu ce soir, du bouillon de légumes avec des morceaux de moutons et de gras. Mmmm un régal pour les papilles. Avec Christelle, nous mangeons les 3 légumes qui se battent en duel au fond du bol et laissons poliment la viande bouillie (même Phil n’a pas fini son bol, ça veut tout dire ! Enfin je dis ça, mais je ne dis rien). Je ne me vengerai pas non plus sur le pain, espèce de mie de pain pas cuite roulée sous les aisselles, que nous avions déjà testé le midi au resto. Juste avant de se mettre au lit à 21h, nous faisons un petit tour par la salle de bain, ah non…y’a pas l’eau courante !? Bon bah les toilettes alors svp. Non, pas ici, c’est la niche du chien ! Oups, sorry ! Les toilettes c’est la cabane de droite pas de gauche ! Ouf, on a eu chaud…au derrière ! Ce soir la nuit étoilée est magnifique, ça sent bon le feu de bois qui crépite dans la yourte, les chiens du village nous font un concert. 22.09.09 – Départ pour une rando à cheval de 7j 40kms pour une 1ère journée (mais nous ne le saurons que le soir), trouvez l’erreur… Nous visitons ce matin le monastère d’Erdene Zuu à Kharkhorin, le 1er monastère bouddhiste de Mongolie. Fondé en 1586, il comptât plus de 100 temples, 300 gers et 1000 moines. Mais la purge staliniste est encore passée par là en 1937, tous les temples sauf 3 ont été détruits et les moines tués ou envoyés en Sibérie. Quelques statues et thangkas qui avaient alors été sauvées parce que cachées, ont repris leur place dans le monastère, qui a rouvert en tant que musée en 1965. C’est uniquement après 1990 que la liberté religieuse a été rétablie et le monastère a pu redevenir actif. Après la visite du monastère, nous quittons la ville à cheval, enfin à poney… Nous nous retrouvons vite dans des vallées, entourées à droite et à gauche de montagnes (je sais c’est le principe d’une vallée), mais nous avançons comme dans un berceau, le long des flans de montagnes, comme nous sommes déjà à 1900m d’altitude, les cols semblent à portée de main. Nous ferons une pause déjeuner à 16h, nous n’y croyions plus. A notre demande, le guide nous indique que nous cavalerons jusqu’à 20h, nous n’y croyons pas non plus. Et pourtant, quelques longs trots et maux de fesses plus tard, nous arrivons, complètement exténués. A peine le temps de se détendre, nous entrons dans la yourte (par la gauche comme le veut la tradition) et notre hôte nous sert l’apéro, thé et gâteaux secs, puis le diner, bouillon de mouton aux pâtes, airag, vodka sur fond de TV en arrière plan. Toute la famille débarque soudainement quand vient le moment de se coucher, qui a l’air d’attendre avec impatience notre…strip tease. On comprend dans l’histoire que c’est nous qui sommes les plus gênés, eux restent là les yeux fixés sur nous, sur nos moindres faits et gestes, analysant si nous sommes bien faits comme eux. Nous dormons par terre, tous les 4 alignés devant le fromage de yak et avec la famille autour. La nuit est froide, le toit de la yourte reste partiellement ouvert. Nous nous enfilons dans nos duvets, plus rien ne dépasse, tout juste le bout du nez. Je suis courbaturée comme jamais, j’ai mal du genou à la poitrine. J’ai l’impression que tous les organes de mon ventre ont changé de place et ont passé la journée à faire le grand 8. 40 bornes…rien que le 1er jour…novices que nous sommes, on ne fait rien à moitié, tout à l’extrême ! (à côté de ça, le cheval en Camargue, c’est pour les tapettes ). En essayant de trouver la position la moins inconfortable pour dormir, je découvre la voûte étoilée à travers le toit ouvert de la yourte. Bonne nuit les petits ! Enfin si on veut, car la TV est encore allumée, nos hôtes nous regardent nous endormir (comme s’ils allaient nous manger pendant la nuit, sommes-nous des créatures si curieuses que cela !?) Heureusement que Christelle et Yannick ont fait la discussion avec nos hôtes ce soir, car j’étais HS. Toutes les règles d’hygiène sont enfreintes en une seule et même soirée, entre les galettes de pâtes roulées par la mère sur le lit puis étendues sur les oreillers (on se demandait d’où venaient tous les cheveux dans nos plats, nous avons la réponse ; et c’est Christelle qui aura remporté le concours du plus grand nombre de cheveux/poils dans ses plats, personnellement j’étais perdante d’avance vu que j’allais commencer une diète ;)). Nous buvons l’airag et la vodka tous les uns après les autres dans le même bol (qui sera, juste, rincé à l’eau avant de resservir le lendemain, comme tous les bols et cuillères d’ailleurs. Le produit vaisselle, mais pour quoi faire !?). La petite de la famille a mal au ventre…elle nous dépose une galette dans la yourte pendant que nous mangeons, classe…la mère l’essuiera sous nous yeux avant de nous resservir un peu de bouillon, grande classe…enfin, la petite au moins fait ses besoins au chaud et n’a pas besoin de se faire escorter dehors par crainte de se faire mordre le derrière par un chien. Yannick dit que je cherche…, que je regarde ce que je ne devrais pas voir…c’est sûr qu’il y a de quoi faire des cauchemars ou partir en courant : Règle n°1 : ne pas regarder (ses hôtes), regarder ailleurs, le plafond par exemple…mais y’a plein de mouches (attirées par le fromage de yak et la cuisse de mouton qui sèche)! Quand est ce qu’on se couche et qu’on ferme les yeux pour ne plus voir ça !? Toutes nos références cinématographiques sont dépassées, genre les scènes les plus cocasses des Bronzés font du ski ou de la famille Groseille (de « la vie n’est pas un long fleuve tranquille ») sont à mille lieux de la réalité mongole, qui je l’avoue, vaut le déplacement. Si on n’a pas vécu cela une fois dans sa vie, on ne connait pas sa chance de manger dans un bol propre, vraiment propre, dans lequel la femme n’aura pas craché pour enlever la saleté puis passer son chiffon dégueu avant de vous le tendre rempli d’un bon bouillon de mouton. Règle n°2 : l’hermétisme, je ne veux pas savoir…je ne veux pas savoir d’où vient le poil dans mon bol, ni les morceaux de mouton, ni où ni comment cela a été préparé, ni par qui avec quelles mains sales ni ce qu’elles ont fait avant. Règle n°3 : ce qui ne nous tue pas…nous rend plus fort !!! Et puis…demain sera un autre jour ;) 23.09.09 – étape de 20kms Journée « facile » après celle d’hier ! Soleil radieux au réveil, nous sommes à 1600m et il fait bon. Pas de perte de temps, tout le monde s’affaire à ses occupations. Entre 2 boulots chiants, l’homme fera toujours le moins chiant. Entre tourner le lait fermenté et traire les vaches, il tournera le lait. Nous aurons de grandes discussions sur le rôle de l’homme au sein du foyer. La théorie de Christelle sera la suivante : le peuple mongole ayant été un peuple de guerriers pendant des siècles, les femmes ont pris l’habitude de s’occuper de tout (bêtes, habitat, enfants) en l’absence des hommes. Bien qu’il n’y ait plus de guerre depuis quelques décennies en Mongolie, les hommes sont bel et bien présents dans leurs foyers mais ne foutent rien (à part réparer la Jeep et regarder la TV). Tiens, ça me rappelle quelques-uns, finalement Mongols ou Français, ça se vaut ;) Ce matin, cours de traite de vache pour Phil et moi…c’est pas gagné ! Faut dire qu’on nous a donné des yaks à moitié vides… Nous partons encore vers midi mais pour 20kms seulement. Au bout de quelques minutes, mon genou me fait souffrir, ça ne cessera de s’amplifier dans la journée. Pas de trot ni de galop pour moi, alors que Phil devient un pro au point de ressembler les troupeaux comme un cow-boy (vidéo à l’appui à ne pas manquer ;). Aujourd’hui, nous voyons pléthores de yaks et quelques chiens de prairie filant à toute allure, mais pas peureux à notre approche. Nous arrivons relativement de bonne heure chez nos hôtes et nous nous demandons si nous allons battre des records d’hospitalité et de propreté. Nous pénétrons dans la yourte et nous nous installons à gauche par terre, selon le rituel habituel. Ce soir pour l’apéro, accrochez-vous : intestin, foie, poumon avec un petit lait de yak ou fromage de yak pour accompagner. Dans quel film d’horreur avez-vous déjà vu cela ? Quand la réalité dépasse la fiction…Kohlanta, c’est vraiment pour les enfants à côté de ça. Yann et Christelle sont venus pour goûter à la vie mongole, ils ne seront pas déçus (rdv dans quelques jours pour une page « santé » ;)), personnellement je connais mes limites. En même temps, si on ne veut manger que des gambas, du filet mignon et du gratin dauphinois, on reste en France ! Ahhh « douce Franceeeee, pays de mon enfanceeee…. ». Je m’égare ! Beeheheheh, revenons à nous moutons ! Il y a moins d’ambiance et d’yeux scruteurs qu’hier soir et tant mieux ! Nos hôtes ne sont que 3 (contre 8 la veille) et beaucoup plus timides. Devinez ce que nous avons comme plat de résistance ? Le plat national identique à celui d’hier soir et…d’hier midi : pâtes, pommes de terre, mouton, le tout au bouillon. Si au moins ils faisaient frire le mouton dans leur marmite, mais non ils le font bouillir. Lors de nouvelles discussions, nous nous poserons souvent cette question « pourquoi font-ils tout bouillir » et prieront même pour qu’ils changent un peu de recette. La réponse la plus évidente qui nous soit venue : pour désinfecter pardi ! C’est vrai des pommes de terre sautées avec du mouton, ça aurait été royal ! Je suis sûre que vous vous demandez tous comment je fais, moi qui adore la viande plus que tout. Et bien je déguste longuement, les pâtes et patates imprégnées d’odeur et de bouillon de mouton. Dans mes plus grands jours, je mange la moitié du bol et donne discrètement le reste (principalement les morceaux de mouton et de gras) à Phil. Il est courageux mon Phil. La préparation du diner se répète inlassablement sous nos yeux, je crois que ce serait pus facile à avaler si nous n’y assistions pas. En voyant la femme rentrer avec la cuisse de mouton fraichement tué, sous son coude, nous nous posons la question de la conservation de la viande sans réfrigérateur ni salaison. La question restera sans réponse et c’est peut-être mieux ainsi. TV ou électricité, il faut choisir ce soir, ça marche sur batterie. Si on branche les 2, ça provoque un court-circuit. Ce sera électricité, ouf ! Pendant le diner, concours de sloutch en aspirant le contenu du bol et en fin de repas, glourp et prout à volonté. Arrivée l’heure du coucher, 3 personnes débarquent et rebelote toutes assises à droite dans la yourte, en attendant qu’on se déshabille. Je pense qu’ils sont curieux de savoir si nous sommes faits comme eux. Malgré ce qu’ils peuvent voir à la TV, avoir de blancs occidentaux en chair et en os à la maison, ça vaut tous les spectacles du monde. 24.09.09 – étape de 20 kms Y’a des jours comme ça… Les nouvelles du matin : - Le ciel est voilé - On bande mon genou - On a perdu 2 chevaux pendant la nuit, enfin ceux de Christelle et Phil se sont faits la malle. Nous recevons ce matin la visite de Charvaa avec sa femme et son fils (juste histoire de nous saluer et peut-être voir si nous sommes toujours en vie). Nous devions partir à 10h pour faire nos 20 bornes mais nous attendons qu’un des guides nous ramène 2 nouveaux chevaux. Nous partons finalement à 15h30…avec un seul guide et 2 chevaux de bâts transformés en montures. Phil se retrouve avec un poney encore plus petit (cette fois, c’est clair, il fait dans le poney à 6 pattes). Dans 3 heures il va faire nuit, il va falloir un plan B pour arriver au prochain campement le plus vite possible. Ça sent la loose… Nous partons sous la pluie ! Le guide nous dévoile son plan de génie, nous allons passer par les sommets. On monte, on descend, on remonte, on redescend… On dirait que tous les bourricots n’ont rien mangé, le mien broute à chaque mètre. Ils maigrissent à vue d’œil et sont crevés. Passé un ou deux sommets, le soleil refait surface, nous ne seront finalement pas trop mouillés. Personne ne dit mot quasiment aujourd’hui. Nous descendons même de cheval pour les tirer et leur rendre la vie un peu plus facile. Nous arriverons comme prévu à la nuit tombée. Ô miracle, nous dormons dans du dur ce soir et pas chez l’habitant, dans une sorte de Ger Camp inhabité (genre saison touristique terminée). Ça ressemble à une cabane en bois avec un poêle et trois lits (trouvez l’erreur, nous sommes 6…). Le bonheur (de dormir sans mateur) fût de courte durée, car les guides en allumant le poêle manquèrent de nous enfumer. Evacuation rapide, tout le monde dehors (et sans pinailler car même s’il devait faire pas loin de 4°C, le ciel était magnifique comme chaque soir). Nous aurons quand même droit encore ce soir à notre mouton bouilli. Personnellement, ça fera le 2ème repas de la journée que je saute, car ce qui devait arriver arriva… la gastro. [Rien de bien méchant (c’est la vie…), sauf qu’il faut imaginer la scène : moi ce matin dans la vallée (sous-entendu pas un arbre pour me dissimuler, sous la pluie, et surtout avec trois chiens morts de faim qui ont eu l’idée subite de se taper mon postérieur comme déjeuner. Heureusement que notre hôte est arrivé à temps pour les calmer, sinon…] Plus tard dans la nuit, ce sera autour de Yann de quitter en vitesse le chalet enfumé pour des raisons gastriques. Nous commençons à nous poser des questions sur l’état du stock de victuailles. En effet si les familles nous nourrissent midi et soir, nous transportons de l’eau et quoi faire notre petit déjeuner (pain, gâteaux secs, thé, café, confiture, nutella mongole : je sais à faire la liste, ça fait rêver, de quoi se plaint-on !?) Justement, le stock est à sec, mais on va bien nous ravitailler !? Bah non… 25.09.09 – étape de 38kms Il suffit de trouver la bonne position pour prendre son pied… Nous partons vers 10h et nous arrêtons 3kms plus loin pour visiter un monastère à flan de montagne, inhabité. Les paysages changent radicalement, nous traversons des forêts canadiennes. J’ai failli me prendre un arbre d’ailleurs…bah quoi, je croyais qu’un cheval ça savait où ça allait, bah non…il fait ce qu’on lui dit, oui alors ça, pas toujours ! Nous montons et descendons des cols en début d’après-midi avant d’arriver sur d’immenses plateaux. Ô miracle, alors que mon genou me pourrissait la rando, je trouve THE position au trot puis au galop et après quelques essais, je deviens une pro du galop (je ne me tape plus le cul, j’ai trouvé mon équilibre et surtout, j’ai même plus mal). Je ne suis plus un boulet, je ne suis plus 1km derrière à la traine, voilà il aura fallu 5j pour que je prenne mon pied à cheval ! Ne plus subir cet animal têtu ! Clou de la soirée : hormis le fait que nous soyons arrivés un peut tard pour aller voir les chutes (reportées à demain sur insistance de Yann. Merci Yann, car nous serions revenus à 21h sinon !), nous avons une rivière (donc douche ce soir) et une yourte pour nous 4 avec … 4 lits ! Pas de mateur, pas de ronfleur, que nous ! Le vieux bonhomme veuf qui nous a accueilli était bien le plus sympa et propre de tous. Il nous offrira même une carte postale à chacun en souvenir. 26.09.09 – étape de 42 kms Journée de fous, soirée avec des…fous ! Yann est malade ce matin, il a évacué par le haut pendant la nuit. Je suis aussi complètement barbouillée. Ce matin nous nous levons de bonne heure car nous devons faire un détour par les chutes que nous n’avons pas vues la veille. Mon cheval trotte et je rote…et je rote… et je rote !!! Oulala ça ne va pas, dire qu’il y a 8 kms à faire jusqu’aux chutes. Petite pose détente aux chutes puis nous prenons le chemin du retour direction Kharkhorin. Aujourd’hui on nous annonce 120 kms pour rentrer (en 2 jours et demi, ça fait tendu ! Nous émettrons souvent des doutes sur notre position géographique, même avec une carte à l’appui ainsi que sur le calcul des distances à la mongole). Nous retraversons une vallée plein de cailloux et de bosses, des paysages de type volcaniques. Nous nous demanderons longtemps si le paysage n’a pas été dévasté par des météorites. Un aigle nous survolera pendant des longues minutes, surement étonné par notre style de cavalier. L’après-midi sera long et douloureux. Nous arrivons à 19 heures passés, la nuit est tombée. Et là, après 2 nuits calmes et sympathiques, nous arrivons chez les fous ! Le fils de 25 ans me traite de « méchante » en mongole, dico à l’appui, tout ça parce que je n’ai pas envie de lui faire la discussion ou même de l’écouter. Le père et le grand-père bourrés débarquent, s’assoient à côté de moi, parlent en hurlant, me crevant le tympan, me tirant sur la manche dès que je détourne mon attention d’eux. Ça va pas le faire ! C’est la yourte la plus crade que nous ayons visitée. J’ai peur !!! Dormir dans cette saleté et avec ces ivrognes. L’heure du dîner arrivant, on nous fait signe de déménager dans la yourte d’à côté, beaucoup plus propre, rangée, spacieuse. Ouf !!! C’est là que nous dormirons. Ce soir, il n’y a que Chris qui peut avaler son bol de nouilles au mouton bouilli. Nous jeûnons tous les trois (j’en suis au 3ème jour de diète), la faim n’aura pas raison de moi, je ne peux plus voir, ni sentir, ni goûter ces bouts de mouton. Dans toutes les yourtes, les femmes préparent le repas avec le même rituel : un chiffon dégueu essuie un plat dégueu, de l’eau dégueu est mise à bouillir, des galettes de pâte sont roulées sur une planche à même le canapé ou le lit, une vieille cuisse de mouton est passée au hachoir, entre les 2 la femme se cure le nez, des pommes de terre sont découpées et le tout est jeté dans l’eau bouillante. Pendant que ça cuit, un verre d’airag vous est offert et le lait fermenté transvasé d’une bassine à une autre avant d’être remué. Si vous cherchez un plat typique mongol, vous n’avez plus qu’à recopier la recette… Honnêtement, je ne sais pas si le succès de la recette dépend plus de la fraicheur des aliments ou de l’hygiène de la cuisinière et de ses ustensiles… en revanche, je suis sûre que l’une ou l’autre peut considérablement influencer le goût et… la digestion. Revenons-en à notre soirée, nous avons donc jeûné sauf Christelle. Ai-je besoin de vous redécrire la scène du strip-tease ? Non, bien évidemment, c’est comme le mouton bouilli, ça fait parti de la vie quotidienne. L’ivrogne a bien essayé de dormir à côté de Phil (faut toujours nous imaginer tous les 4 alignés par terre au fond de la yourte, côte à côte, les pieds vers l’entrée), mais face à la nonchalance de Phil, il préfèrera aller dormir sur le lit avec sa fille et sa femme. Pauvre de fille !!! Quel bonheur d’être enfouie jusqu’au nez dans mon duvet, au chaud, à l’abri (même si je sais toute la famille plantée là, debout à nos pieds, à nous regarder nous endormir) 27.09.09 – 22kms Nous partons de chez les alcoolos sans regret. « Petite journée » de 20 kms, tranquille sous un grand soleil… Le retour par la vallée est un peu moins distrayant niveau paysages. Nous longeons la ligne électrique menant à Kharkhorin. Les guides sont encore tout le long au trot, ils ont hâte de rentrer car ce soir, on dort chez l’un d’entre eux. C’est le campement le plus joli et agréable que nous ayons eu, au bord d’une belle rivière. Ce soir c’est le grand bain, que ça fait du bien ! (1ère fois en 1 semaine que je me lave les cheveux). Toute la famille a encore été invitée pour l’apéro. Nous nous retrouvons à une vingtaine. Une bouteille de vodka est descendue. Yann et le guide (bien entamé) se livreront encore une fois à un combat mongol. Yann ayant vaincu le Mongol sur son propre terrain, gagna son respect et le droit d’essayer l’habit mongol dont il rêvait (le fameux manteau avec sa large ceinture et ses beaux boutons, confectionné par la femme du guide). Il lui proposa même par la suite de le lui vendre. Au diner ce soir, c’est riz au lait (enfin riz au lait de yak bien sur) mais sans mouton. Le guide a fini par comprendre que nous n’en pouvions plus du…mouton ! On n’est pas difficile, depuis le début du riz nous aurait suffi :-) 28.09.09 – dernier jour de rando, étape de 28 kms On l’a fait ! On redemande un peu de riz au lait de la veille, qu’on agrémente avec de la confiture de fraise ! Nous partons vers midi sous une tempête de vent et de sable. Mon bourricot ne veut pas avancer aujourd’hui, si bien qu’à un moment, nous faisons un échange de poney avec Phil. Phil parviendra même à apprendre le petit trot à mon bourricot, je ne dois pas savoir y faire avec les bêtes… Phil se sera improvisé dresseur de cheval aujourd’hui. Nous aurons plusieurs passages à gué à franchir, il faudra relever les talons sur le postérieur des chevaux pour ne pas être trempés. J’aurais quand même eu droit à quelques bains de pieds quand Bourriquet s’est pris les sabots dans des pierres. Plus tard dans l’après-midi, nous descendrons de cheval, pour marcher car j’ai trop mal aux genoux. Pourquoi la dernière étape parait-elle toujours interminable (comme cette plaine en arrivant à Kharkhorin) ? C’est avec une joie non dissimulée que nous rentrons chez Charvaa pour passer la nuit. Un bon diner et une yourte rien que pour nous 4 nous attendent et le fameux concert de chiens pour nous endormir. Ce que nous retiendrons de cette rando ? Des cols à plus 2000m, des paysages magnifiques, 8 nuits en yourte, 14 repas au mouton (enfin officiellement), 2 chevaux de perdus, 1 nouveau job : strip-teaseurs pour Mongols, un mot : « tchou » (qui selon la prononciation fait avancer un bourricot ou non), des ciels étoilés à gogo, monter à cheval c’est tout un métier, la gentillesse de nos guides, ne pas reposer un bol d’airag sur la table après avoir tenté de le boire, une fausse idée sur les chevaux mongols : il existe des versions bourricots (petits, pas farouches). Vis ma vie de nomade mongol à cheval est finie. Ce fût long et dur. Nous avons morflé physiquement mais nous l’avons fait (210kms)! Si c’était à refaire ? Of course, mais en version 3-4j pas plus. Le cheval, c’est encore plus physique que le vélo. Mais je soupçonne Mulot&Tornado de nous avoir jeté un sort pour les avoir trompés. C’était…authentique et…unique ! Les goûts, les odeurs, du jamais vu et même pas imaginable. Les gens vivant avec leur petite famille au milieu de nulle part et ayant chaque jour les mêmes occupations (vous me direz pour nous aussi c’était pareil : métro/boulot/dodo). Tout de même, rassembler les bêtes, traire les bêtes, faire à manger, ranger la yourte (parfois), couper du bois, faire de l’airag, tourner le lait, regarder la TV, roter, péter, voilà une journée type de passée, laissant peu de place à l’imprévu, sauf lorsque des touristes débarquent ! 29.09.09 – repos à Kharkhorin Repos bien mérité !!! Nous décidons de rester une journée à Kharkhorin chez Charvaa pour nous reposer un peu (car mon genou me faisait un mal de chien, mais grâce à une recette miracle que Christelle m’a donné et qu’elle tient de Mr Tricaud, qui s’occupe du club d’équitation de Font Romeu). La douleur a disparu ce matin. Quelle est donc cette recette ? C’est bête comme chou !!! Mr Tricaud a toujours soigné les blessures de ses bêtes avec du chou, alors pourquoi ça ne marcherait pas sur moi ? J’ai donc passé la nuit avec un cataplasme au chou sur le genou. (Le chou étant l’un des rares légumes qu’on trouve en Mongolie, j’ai eu de la chance !) Merci Mr Tricaud pour la recette au chou ! Si ça marche à long terme, je vais demander à me faire rembourser de toutes les visites médicales et médicaments achetés. Affaire à suivre ! Et puis au lieu de revenir avec des recettes de cuisine, je vais écrire un livre de remèdes bios. Après avoir déposé ce matin Christelle et Yannick au bus qui retournent à UB, Charvaa nous a négocié 2 lessives à la « laverie du coin » et une douche chaude ! Nous pourrons ainsi enfourcher demain Mulot et Tornado frais comme des gardons. Faut dire qu’entre l’odeur des bourricots, la poussière amassée et la semaine sans douche, il y a de quoi faire fuir. Il y a comme un vide tout d’un coup, après une semaine à UB en dortoir de 12 et une semaine à cheval en yourte à 8 (voire 20 parfois), nous ne sommes plus que tous les deux. C’est reposant mais presque… dérangeant. Nous reprenons des forces, car demain une nouvelle aventure nous attend : quelques 500kms avec Mulot&Tornado, direction le grand Sud : Dalanzadgad et le Gobi. Phil a compté 12j pour y aller, nous verrons bien. |